La féminisation des mots en français est souvent une catastrophe car elle est souvent dévalorisante. Avec le titre d’avocat certes plus ancien, il y avait déjà celles qui décident de rester nommée AVOCAT plus qu’AVOCATE. Pourtant, la situation a évolué et de nombreuses personnes emploient le mot avocate qui rentre dans les moeurs. Il y a bien des confrères récalcitrants qui vous écrivent « Mon cher confrère » avec tenacité. Des consoeurs femmes m’écrivent aussi « Mon Cher Confrère », ce que je trouve insupportable parce que l’accès à la profession d’avocat par les femmes a été conquis de haute lutte et mérite le respect. Ce n’est pas pour autant une justification pour y perdre toute identité. Nous n’exerçons pas un métier d’homme mais un métier tout simplement auquel l’accès a longtemps été interdit aux femmes. Certains vieux confrères et d’autres plus machos dans l’âme sans excuse d’âge ont vu d’un très mauvais oeil la féminisation de la profession arriver à grands pas mais ne peuvent plus la freiner. Les magistrates subissent le même sort. Si on peut désormais abandonner en français la formule de politesse « Madame Le Président, Madame le juge » pour « Madame La Présidente ou Madame la juge, « combien l’emploient vraiment quand on ne leur écrit Monsieur le Président; Monsieur le Juge sans imaginer possible la formule plus neutre de « Madame, Monsieur le juge, » où le masculin l’emporte un peu pour des motifs de grammaire. Alors comment appeler les Médiateurs au féminin ? C’est un nouveau métier puisque la médiation, on en parle en France seulement depuis les années 1990. Au début, on disait médiatrice mais comme directrice, la notion est assez dévalorisante parce qu’on pense à la directrice d’école sans doute. On pourrait accepter comme le font les autres francophones médiateure comme auteure mais c’est un peu difficile car la distinction ne s’impose pas puisque tout simplement, cela ne s’entend pas comme le terme d’avocate qui se prononce et s’entend. Je crains pour ma part que l’on assiste actuellement à un glissement vers celui de médiateur pour d’autres raisons. L’invention du diplôme de mediation familiale se décline de manière quasi systématrique au féminin par médiatrice familiale. Si l’on ne fait que de la médiation familiale, pourquoi pas puisque ce mot est bien usité dans ce milieu composé majoritairement d’anciens travailleurs sociaux ou plutôt de travailleuses sociales. Si au contraire, on veut rester généraliste, le mot médiatrice dans l’entreprise passe moins bien alors certains disent médiateur mais rarement médiateure. Tout ceci me direz-vous est extrêmement secondaire, l’essentiel est plutôt ailleurs: être un bon médiateur au sens générique du terme. il faut donc laisser aux linguistes le soin d’inventer des mots féminins plus valorisants que médiatrice ou médiateur. Peut-être faut il bien simplement aussi reconquérir les suffixes en « trice » ? Qu’en pensez-vous ?