Dans un article de Marie BOËTON du 31 juillet: Les victimes de discriminations hésitent encore à porter plainte – France – la-Croix.com ressurgit la polémique déjà ancienne entre les associations et La Halde sur la méthode à retenir pour sanctionner et vider ces discriminations anti-racistes (Cf la position dogmatique de SOS racisme évoquée ici). La journaliste s’interroge sur le peu d’empressement des victimes à saisir la justice et indique qu’en 2008, les pôles anti-discrimination n’ont reçu en moyenne que trois plaintes chacun. Elle pose la question de la difficulté du combat judiciaire et relève que chaque année, sur les centaines de plaintes déposées, seule une vingtaine donnent lieu à une condamnation. « Autant dire qu’une vraie impunité continue de régner », regrette le président du Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP), Mouloud Aounit. <> »Il suffit de quelques décisions de justice fortes et bien médiatisées pour sensibiliser les entreprises » Une autre affaire, révélatrice de la différence d’approche entre la Halde et SOS Racisme, alimente la controverse depuis plusieurs mois. Une femme d’origine africaine s’est récemment vu refuser l’embarquement pour Moscou sur une très fameuse compagnie aérienne européenne. Et ce à la suite d’un accord passé entre la compagnie et les autorités moscovites, qui prétendent vouloir prévenir les attaques dont font l’objet les personnes à la peau noire sur le sol russe. « Si ce dossier avait été présenté à un juge, les méthodes de cette entreprise auraient pu être dénoncées et condamnées », assure Samuel Thomas. Mais la jeune femme a préféré opter pour une médiation, via la Halde. Pour Fabien de Chavanne, il n’est pas nécessaire que chaque affaire débouche sur un procès, « il suffit de quelques décisions de justice fortes et bien médiatisées pour sensibiliser les entreprises. » Alors médiation ou procès ? Au Mrap, on refuse toute position dogmatique. « L’intérêt de la victime est notre seule priorité. Elle seule sait ce qui est bon pour elle », assure Mouloud Aounit. «En revanche, lorsqu’une grande entreprise d’État ou une organisation financée par des fonds publics se rend coupable de discrimination, nous faisons tout pour que la victime porte plainte. De sorte que les subventions versées à l’entreprise soient conditionnées au respect du droit. » >> Mon Commentaire: il est choquant de voir que pour une des victimes qui témoigne « consentir à une médiation, ce serait comme accepter d’être achetée…» car cela prouve surtout qu’elle est probablement très mal informée de ses droits en la matière puisque ce n’est pas cela. Consentir à une tentative de médiation ne signifie pas du tout que l’on renonce définitivement à poursuivre judiciairement. Chercher à dialoguer n’est pas s’abaisser. Une indemnisation peut se demander et être obtenue que ce soit par procédure amiable ou judiciaire mais n’est que la réparation d’un préjudice reconnu qui ne disparait pas pour autant entièrement par la remise d’un paiement. La douleur a besoin d’etre entendue mais reconnue et pas seulement par la société mais par celui qui l’a provoquée. En cela, il est illusoire de penser qu’une réparation matérielle et une sanction pénale contraignante répare valablement, De même, le préjudice peut être aggravé par la médiatisation à outrance d’une affaire. Si la personne discriminante reste sur ses positions et que la médiatisation la tourne en victime des associations qui en font un bouc émissaire, comprendra t-elle vraiment ce qu’elle a fait et les incidences de son acte. La Halde constate qu’il y a beaucoup de discrimination directe ou indirecte par ignorance, bêtise de la part de personnes qui n’ont pas même conscience de commettre un acte raciste par certains actes discriminant et c’est certainement cela qui est grave. Le but visé doit être de vider définitivement la discrimination et d’éviter toute réitération de celle-ci et de s’assurer que tout est mis en oeuvre pour penser et agir autrement dans l’entreprise durablement. C’est que s’emploie à faire La Halde. En tout état de cause, une fois que les personnes poursuivantes sont informées de leurs droits, c’est à elles qu’il appartient en toute connaissance de cause de savoir ce qu’elles souhaitent et qui correspond le plus à leurs attentes propres. Il ne faut pas perdre de vue que le respect de la personne est aussi celui de sa volonté de faire ce qu’elle veut sans pression extérieure et de ne se priver d’aucune voie de recours qui lui donne à elle en premier pleine satisfaction pour obtenir une juste réparation, c’est à dire celle qui correspond à ce qui est bien pour elle durablement en faisant entendre sa dignité sans que la réparation du préjudice ne se limite à se vendre ou se faire acheter par qui que ce soit. Pour cela, il y a encore fort à faire en matière de communication sur les modes alternatifs de résolution des conflits et les bénéfices souvent insoupçonnés de la médiation mais La Halde doit aussi en ordonner beaucoup plus qu’elle ne semble le faire actuellement.