Quelques infos prises ca et là expliquent ce besoin de médiation car on ne communique plus ou très mal. Une réflexion d’André Daries, délégué du médiateur de la République m’interpelle. Il témoigne dans un article de la depeche.fr qu’il a tenu au début de la semaine à honorer tous ses rendez-vous manqués et explique: « Vous savez, les gens ne sont plus écoutés et nous, délégués du médiateur de la République, sommes là pour ça et pour trouver un terrain d’entente. » Et à côté de cela, on crée à titre expérimental un traitement automatisé « pré-plainte en ligne » selon un décret du 29 octobre 2008. Il s’agit d’un téléservice, permettant à la victime ou à son représentant légal ; – d’effectuer une déclaration en ligne pour des faits d’atteintes aux biens contre auteur inconnu; – d’obtenir un rendez-vous auprès d’un service de la police nationale ou d’une unité de la gendarmerie nationale de son choix pour signer sa plainte. J’évoquais très récemment ici la mise en place de bornes justice et de guichets uniques de greffe universel pour tout faire et presque répondre du conseil ! A ce jour, qui cherche à joindre l’administration ou une grande entreprise tombe sur une boîte vocale avec plus ou moins de bonheur du style pour une assurance  » Si vous avez un sinistre, tapez 2. Il faut avoir supporté de passer après les services commerciaux plus porteurs et ce n’est pas fini …tapez votre numero (là au milieu des flammes, vous devez taper un numero qui a brûlé etc etc.. vous croyez pouvoir vous exprimer et le disque continue…vous avez un sinistre Automobile tapez 1 un sinistre immeuble tapez 2 un sinistre autre tapez 3 et parfois vous n’avez plus le choix 4 comme avant que vous attendiez pour parler: vous souhaitez un opérateur… Vous en ressortez parfois en colère alors que vous aviez gardé votre calme jusque là. Toute cette modernité développe une énorme frustration et aggrave l’état psychologique des personnes. Il n’y a plus de paroles, de choix de mots que ceux parfois imposés, plus d’échanges, plus assez de rien parce que les gens sont tous pressés, pardon stressés, de régler les urgences des autres, Et en fait, il n’y a pas tant d’urgence que de gens pressés. C’est ainsi que les services d’urgence sont débordés de faits non urgents. On demande des renseignements en pleine nuit, on appelle au secours pour trois fois rien pendant que les vraies urgences vont engager la responsabilité des services d’urgence pour ne pas avoir su répondre en temps utile. Il faut penser à des spots TV pour rappeler ce qu’est l’urgence, la vraie urgence qui est le danger de mort, l’atteinte à la vie et ensuite aux biens. La notion de temps, de gravité, de priorité se perdent tout simplement dans nos sociétés urbaines parce que les gens ne voient plus, ne sentent plus, n’écoutent plus, n’attendent plus, ne patientent plus et parfois même, exigent plus qu’ils ne demandent. Les médecins n’ont plus des patients mais des consommateurs. La relation à l’autre devient de la consommation. Ca ne va plus, on se sépare, on veut divorcer et il est temps de passer à autre chose. Tout cela, parce que la perte des sens qui est développée plus que refreinée, conduit à une incompréhension Les repères se diluent et face au conflit, c’est alors la panique, la démission. Alors, une aide extérieure s’impose devant le désarroi que ces ruptures de dialogue provoquent. Dans ce contexte, la médiation prend toute sa place parce qu’elle tente de reposer un dialogue entre êtres humains que la survenance parfois de la première difficulté a rompu. Cela semble magique mais au fond, qu’y fait on essentiellement, on réapprend à écouter l’autre tout simplement et à être écouté soi-même pour prendre le temps de se parler ensemble !